A. Fluence
A1. Analyse des résultats en fluence de métropole par la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP)
Pour la session 2023, dans le cadre de l’évaluation de début de quatrième, un test de fluence de lecture a été proposé à l’ensemble des élèves.
En début de classe de quatrième, le score moyen de fluence au niveau national est d’environ 143 mots correctement lus par minute (tableau 43). Si plus de la moitié des élèves (54 %) ont atteint le seuil satisfaisant (140 mots et plus), ils sont 24 % à ne pas atteindre 120 mots lus en une minute (attendus de fin de CM2) et 22 % à présenter des fragilités sur cet exercice (score compris entre 120 et 139 mots lus par minute).
Dans ce domaine, comme cela est plus généralement observé dans les résultats en français, des différences entre garçons et filles sont à noter en terme de score moyen, comme dans la distribution dans les groupes de besoins. Le score moyen des filles est de 8 points supérieur à celui des garçons (147 mots pour les filles contre 139 pour les garçons). Les garçons sont 27,3 % à ne pas atteindre la lecture de 120 mots en une minute contre 20,5 % pour les filles.
Les résultats diffèrent aussi selon le secteur de scolarisation. Dans le secteur privé, ils sont 65,7 % à atteindre le seuil de 140 mots. Dans le secteur public hors EP, ils sont 53,7 % dans ce cas. En REP+, 35,7 % des élèves atteignent ce seuil de 140 mots, et 41,8 % des élèves ne parviennent pas à lire 120 mots par minute.
Ici encore, les disparités de maîtrise sont très marquées selon le profil social de l’établissement. Dans les collèges les plus favorisés socialement (groupe 5), la proportion d’élèves atteignant un score de 140 mots s’élève à 69,7 %, alors qu’elle n’est que de 40,4 % dans les collèges accueillant les élèves les moins favorisés socialement (groupe 1).
A2. Analyse des résultats en fluence des élèves de l’ex-Alliance Scolaire
Nos élèves en 2024 ont tous passé le test de fluence à l’exception de ceux du collège Taremen à Maré. La moyenne de mots lus en une minute par les élèves de l’ASEE est de 127 mots par minute contre 143 mots en moyenne en métropole. La différence est donc de 16 mots avec la moyenne métropolitaine. En 6e, cette différence est de 25 mots. Par contre, la différence est infime avec les établissements en Réseau d’éducation prioritaire (REP) (- 6 mots) et contrairement aux élèves de 6e, les élèves de l’ASEE obtiennent un score supérieur aux élèves scolarisés dans les établissements REP+ (124 mots).
Si en métropole, la proportion des élèves à lire moins de 119 mots (élèves présentant des fragilités en lecture fluide) en 4e est de 24 %, elle est de 47,4 % pour nos élèves. Pour rappel, dans les établissements en REP+, le pourcentage d’élèves à lire moins de 119 mots est de 41,8 %. A l’inverse, les élèves à pouvoir lire plus de 140 mots n’est que de 23,1 % dans nos établissements contre respectivement 54 % pour la métropole et 35,7 % pour les REP+. Nous scolarisons donc une population dans nos collèges qui présentent des problèmes de lecture plus important que dans les autres établissements de métropole (toutes catégories confondues). Bien sûr, les chiffres obtenus par les élèves de Nouvelle-Calédonie nous seraient très utiles.
En métropole, les résultats des filles sont supérieurs de 8 mots. Pour nos établissements, cette différence s’établit à 12 mots, les filles lisant en moyenne 130 mots contre 112 pour les garçons. L’établissement obtenant les meilleurs résultats est le collège Baganda (Kaala Gomen) avec une moyenne de 148 mots, soit davantage que la moyenne nationale (143 mots). A l’autre bout du spectre, nous avons le collège Eben Eza (Ouvéa) avec seulement 117 mots lus en une minute.
Bien sûr, nos échantillons sont très restreints et les résultats peuvent être faussés en fonction de l’expérience de l’enseignant et de la taille de la classe (avec de petits effectifs, on peut avoir un phénomème baissier important et inversement).
Dans tous les cas, les résultats montrent qu’un gros effort concernant l’amélioration des compétences de lecture de nos élèves doit être fourni. Sous quelle forme ? C’est notamment via les actions du projet d’établissement, les parts pactes, les projets interdisciplinaires et l’utilisation de logiciels comme TACIT que cet effort doit être mené. Il faut également que les enseignants de toutes les matières prennent en compte ce facteur (et ils le font) dans la conception de leurs supports pédagogiques ; on verra plus bas, par exemple que dans le domaine du lexique, seuls 11% des élèves de nos établissements se classent dans le groupe Satisfaisant (contre 50 % en métropole).
B. Français
B1. Analyse des résultats en français de métropole par la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP)
En 2023, par-delà les résultats globaux par discipline, les résultats par domaine (en grammaire, orthographe et compréhension de l’oral) ainsi qu’aux tests spécifiques (compréhension de l’écrit et de lexique) ont été calculés.
La proportion d’élèves qui présentent une maîtrise satisfaisante en lexique est de 68,1 %. Ces taux sont respectivement de 52,6 % pour la compréhension de l’oral, 49,4 % pour la grammaire, 47,7 % pour l’orthographe et 44,6 % pour la compréhension de l’écrit.
Si l’on s’intéresse en particulier à la proportion d’élèves « à besoins », les taux sont de 7,2 % pour le lexique, 12,1 % en grammaire, 18,7 % en compréhension de l’écrit, 19,1 % en compréhension de l’oral et 27,3 % en orthographe.
Quels que soient les domaines concernés, les niveaux de maîtrise varient selon le secteur de scolarisation. De façon cohérente avec les résultats d’ensemble, il existe des écarts importants entre les élèves de quatrième scolarisés en REP et REP+ par rapport à ceux scolarisés dans le secteur public hors EP.
L’écart de proportion d’élèves présentant une maîtrise satisfaisante entre REP et public hors EP est de 14,5 points en compréhension de l’écrit et de 15,6 points en lexique. L’écart est plus important lorsque l’on compare les élèves scolarisés dans le secteur public hors EP avec ceux de REP+ : respectivement 21,9 à 26,9 points pour les mêmes domaines. Les élèves scolarisés dans le secteur privé présentent les niveaux de maîtrise plus élevés dans tous les domaines : de 10,5 points de différence avec le secteur public hors éducation prioritaire en compréhension de l’oral à 14,8 points en orthographe. Ces résultats doivent être mis en regard de la structure sociale des publics accueillis.
Les disparités de maîtrise restent très marquées selon le profil social de l’établissement. Tout comme les résultats d’ensemble en français, les niveaux de maîtrise par domaine sont croissants selon le groupe d’IPS d’appartenance.
En français, comme déjà observé dans d’autres études, les filles présentent des performances supérieures à celles des garçons dans les différents domaines évalués. Les résultats sont contrastés selon les domaines. Il est le plus important en compréhension de l’écrit : 52,4 % des filles en situation de maîtrise satisfaisante contre 37 % des garçons (écart de 15,4 points). En grammaire, en orthographe et en lexique, la différence en faveur des filles est respectivement de 10,6 points, 10,3 points et 9 points. En compréhension de l’oral, l’écart est plus faible. En effet, 53,9 % des filles ont un niveau de maîtrise satisfaisant, contre 51,2 % des garçons, soit un écart de 2,7 points.
Conformément aux résultats d’ensemble en français, les élèvent dits « en retard » présentent un niveau de maîtrise très inférieur dans tous les domaines par rapport à ceux dits « à l’heure ». Les écarts sont de 32,4 points en compréhension de l’oral, 33,3 points en compréhension de l’écrit, 37,8 points en grammaire et en orthographe et 40,9 points en lexique.
B2. Analyse des résultats en français des élèves de l’ex-Alliance Scolaire
Comme en métropole, le domaine où les résultats sont les meilleurs est le domaine du lexique, pour nos établissements, le pourcentage de Satisfaisant s’établit à 34 % (contre 68 % pour la métropole). Si l’on compare ce seul domaine avec les établissements en réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+), le nombre d’élèves en grande difficulté est plus important pour les REP+ (21 %) que pour nos établissements (10 % seulement). Cela peut s’expliquer par la présence d’une population de primo-arrivants dans les établissements REP+, ce qui est grand handicap pour la maîtrise du lexique.
Ce constat est à peu près identique dans les autres domaines : gros écart des Satisfaisant avec la Métropole, mais une proportion d’élèves en grande difficulté moins importante que dans les établissements REP+ : en orthographe, 52 % des élèves REP+ sont en grande difficulté contre « seulement » 42 % de nos élèves.
L’analyse de la DEPP se focalise sur les disparités entre filles et garçons, données que nous n’avons pas analysé par manque de temps. Les fichiers de la plateforme de restitution ne faisant pas figurer le genre des élèves dans les données tabulaires obtenues.
La comparaison entre établissements fait apparaître des variations marquantes qu’il faudrait étayer par une étude plus poussée pour en cerner les raisons ; ainsi pour la composante Vocabulaire le collège de Hnaizianu obtient 50 % de résultats satisfaisants contre 13 % à Taremen, pour la compréhension écrite, le collège Boaouva Kaleba obtient seulement 5 % de résultats satisfaisants contre 29 % à Hnaizianu, idem pour la syntaxe (14 % contre 42 %).
Les résultats détaillés sont visualisables dans l’article sur les résultats à consulter en cliquant ici.
Un des points positifs de ces tests de positionnement est l’évolution de répartition par groupe entre la 6e et la 4e ; si en métropole, on assiste à une stagnation voire à un recul des résultats dans les domaines du français, dans les établissements de l’ASEE, le groupe Satisfaisant progresse dans tous les domaines comme le démontre le graphique ci-dessous : +6 % en compréhension orale (- 8 % en métropole), + 2 % en compréhension écrite (- 5 % en métropole), + 14 % en syntaxe (stagnation en métropole), + 8 % en orthographe (-7 % en métropole), + 23 % en Vocabulaire (+ 18 % en métropole).
On pourrait en conclure que malgré des résultats toujours faibles, nos élèves progressent au collège alors qu’en métropole, le collège les fait stagner ou régresser. C’était le constat de Gabriel Attal en novembre 2023 : article sur le site actu.fr.
Ces résultats avaient d’ailleurs été à l’origine de la mise en place des groupes de niveaux.
Les textes utilisés dans le test de positionnement
C. Mathématiques
C1. Analyse des résultats en mathématiques de métropole par la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP)
En 2023, par-delà les résultats globaux par discipline, les résultats par domaine (grandeurs et mesures, nombres et calculs, organisation et gestion de données, fonctions et espace et géométrie) ainsi qu’aux tests spécifiques (automatismes et résolution de problèmes) ont été calculés. Pour rappel, les tests spécifiques sont composés d’items issus des domaines nombres et calculs et grandeurs et mesures.
Concernant les domaines, la proportion d’élèves qui présentent une maîtrise satisfaisante est de 55,3 % en nombres et calculs, 51,6 % en grandeurs et mesures, 49 % en organisation et gestion de données, fonctions et seulement 27,1 % en espace et géométrie.
Concernant les tests spécifiques, les taux sont respectivement de 54,2 % pour les automatismes et 44,9 % en résolution de problèmes.
Si l’on s’intéresse en particulier à la proportion d’élèves « à besoins », les taux sont de 10,3 % en résolution de problèmes, 11,6 % en automatismes, 15,4 % en nombres et calculs, 19,3 % en organisation et gestion de données, fonctions et 19,9 % en grandeurs et mesure et 40,8 % en espace et géométrie.
Quels que soient les domaines concernés, les niveaux de maîtrise varient selon le secteur de scolarisation. De façon cohérente avec les résultats d’ensemble, il existe des écarts importants entre les collégiens scolarisés en REP et REP+ par rapport à ceux scolarisés dans le secteur public hors EP.
L’écart de proportion d’élèves présentant une maîtrise satisfaisante entre REP et public hors EP varie de 14,3 points en espace et géométrie à 19,3 points en grandeurs et mesures. L’écart est plus important en REP+ : de 20,1 à 29,3 points pour les mêmes domaines. Les élèves scolarisés dans le secteur privé présentent les niveaux de maîtrise plus élevés dans tous les domaines, de 10,7 points de différence avec le secteur public hors éducation prioritaire en organisation et gestion de données, fonctions à 15,1 points en automatismes. Ces résultats doivent être mis en regard de la structure sociale des publics accueillis.
Les disparités de maîtrise restent très marquées selon le profil social de l’établissement. Tout comme les résultats d’ensemble en mathématiques, les niveaux de maîtrise par domaine sont croissants selon le groupe d’IPS d’appartenance.
En mathématiques, les garçons présentent des performances supérieures à celles des filles dans les différents domaines évalués. Les résultats sont contrastés selon les domaines. La différence est plus prononcée en organisation et gestion de données, fonctions : 54,2 % des garçons en situation de maîtrise satisfaisante contre 43,6 % des filles (écart de 10,6 points) et varie pour les autres domaines de 7,2 à 9,8 points. En espace et géométrie, les résultats sont plus resserrés avec un écart de 1,5 points seulement.
Conformément aux résultats d’ensemble en mathématiques, les élèvent dits « en retard » présentent un niveau de maîtrise très inférieur dans tous les domaines par rapport à ceux dits « à l’heure », les écarts allant de 24,5 points en espace et géométrie à 39,7 points en grandeurs et mesures.
C2. Analyse des résultats en mathématiques des élèves de l’ex-Alliance Scolaire
Comme en 6e, la géométrie reste le domaine où les difficultés sont les plus importantes. Dans l’ex-ASEE, le groupe des Satisfaisant ne récolte qu’un maigre 5% avec 62 % des élèves en grande difficulté (41 % en métropole). Les résolutions de problèmes conservent également un niveau très bas avec un petit 7 % (qu’il faut comparer au 45 % de Satisfaisant en Métropole). Si nous sommes en dessous des moyennes métropolitaines, considérées déjà comme mauvaises par les observateurs ou le Ministère, nous sommes en dessous des résultats des élèves classés en zone REP+, ce qui plus qu’alarmant. Il n’y a qu’en Géométrie où nous faisons non pas mieux mais moins pire que les établissements REP+ : 70 % d’élèves en grande difficulté contre 62 % pour les élèves de l’ex-ASEE.
Comme pour le français, nos élèves « progressent » de la 6e à la 4e, mais les résultats demeurent dramatiquement très faibles. Ce qui est tout de suite évident quand on consulte le graphique ci-dessous. En métropole, les élèves stagnent voire régressent légèrement dans deux domaines : – 14 % pour les automatismes, – 10 % en géométrie. Pour nos élèves, la situation en mathématiques reste catastrophique et appelle une réaction de la part de nos équipes pédagogiques. Cela nous demande de nous recentrer sur ces fondamentaux que sont l’enseignement des mathématiques qui dans le système éducatif actuel est souvent utilisé comme outil de sélection dans la poursuite des études dans les niveaux supérieurs (filières scientifiques, Grandes écoles, etc.)
Il est évident que le déficit de réussite des élèves kanak dans les domaines scientifiques ne peut être que corroboré par ces premiers tests de positionnement de 4e. L’ex-ASEE dans ces collèges scolarise plus de 90 % d’élèves kanak, ce qui fait que ces statistiques sont un indicateur de réussite ou d’échec d’une des populations du Territoire.
Il s’agit d’une réflexion plus que sommaire, mais elle doit interpeller l’ensemble de la communauté éducative. Nous attendons les résultats de l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie pour voir si le constat des responsables de l’enseignement du Territoire sera aussi négatif que celui effectué par Gabriel Attal en novembre 2023 (voir plus haut).